-Comment t’es-tu retrouvé à être actif dans la scène stéphanoise ?
Des
grands frères de copains, puis un prof d’histoire au lycée qui m’initie
moi, mon frère Olivier et un cercle très restreint de 2-3 autres jeunes
punks. Collés mardi, 2 jours après le prof mate nos badges (bérus, oth)
et nous apporte 2 kilos de vinyls parmi lesquels les disques les plus
importants de ma vie : le 2è SLF, le 1er Buzzcocks, le 1er Saints, «
L.AM.F. » de J.Thunders+Heartbreakers, « Damaged » de Black Flag puis
des choses étranges comme les Cramps, Scientists, Crime+The City
Solution… on était assez alternatif français et voilà une ouverture
incroyable sur le reste du monde punkoide…
A cette époque, le
simple fait de (parler de) faire un groupe, de porter des docs et un
bomber étaient déjà des actes subversifs, ça te mettait direct en marge
par rapport aux autres crétins du lycée.
J’ai donc chopé une
guitare et appris tant bien que mal (plutôt mal) à plaquer 2-3 accords.
On avait déjà monté un groupe « exutoire », juste une boite à rythme et
des micros avec 2 potes (je citerais pas les noms pour pas les
compromettre…), puis mon frère nous a rejoint et c’est devenu un peu
plus sérieux avec une vraie batterie, basse, guitares et amplis
(pourris). On savait toujours pas jouer. Puis 2 mecs de La Ric qui
faisait la même chose de leur côté sont venus mettre (un peu plus) le
bordel.
La connexion avec la « scène stéphanoise » démarre avec
la rencontre des mecs d’Internal Exil, puis celle des « punks du nord »
(nous étions du sud, Honoré d’urfé rules !), Sixpack et Prejudice crew.
Parallèlement
on allait à tous les concerts du Mad’sCo (ah, la Bourse du travail, le
Centre-Gliss, puis le Mistral… grande époque !).
Jetés du centre
social du Montcel, on rencontre l’asso Sauf Imprévu qui construisait son
local de répét rue Neyron ; une scène locale renaissait, après une
période creuse, sur les cendres d’anciens combos des 80’s et sous
l’impulsion de pas mal de nouvelles têtes dont je faisais partie.
-Premiers méfaits, premières activités ? Et qu’est-ce qui te motivait alors ?
Des
trucs pas constructifs comme des tags ou des pochoirs sur les murs dans
et autour du bahut (ça m’occupait des soirées à les faire…) ; premières
expériences scéniques en juin 92 avec F.J. et Kangaroos. Des putains de
bons moments en fait !
La motivation, c’était comme Terry Chimes :
me payer une Jaguar Type E avec les cachets des concerts ! Non,
sérieux, il y avait un espace à occuper il me semble, quelque chose
d’assez fort se passait avec une nouvelle génération post rock-alterno,
mi-grunge mi-hard core qui débarquait sur SaintE et environs. Et voilà,
j’étais là, le BAC en poche et sans perspective d’avenir claire. Je
voulais simplement vivre ces moments cruciaux dans une vie, où d’un coup
tout semble possible.
-Tu peux faire un petit historique de ton activisme au cours des années, dans cette scène ?
De fin 88 à mi 91 : fervent spectateur ! Apprenti guitariste, poussées d’acné et déceptions sentimentales.
Début 91-Mi 93 : bassiste dans Fucking Jo et dans KangaRoos,
une poignée de concerts, pas de traces discographiques hormis des
titres sur la compil « Mort ou vif » et des K7 de répét assez
inaudibles.
De fin 93 à 97 environ : participation à Tranzophobia
puis Meantime et les joies du fanzinat : rédaction d’articles, mise en
page/maquettage, photocopies… et aussi un peu de radio-dio, 2-3
interviews et quelques orga de concerts mémorables ; pas mal de soirée
affichage du coup, vive la colle…
De 93 à 2000 : passage dans divers groupes de gangsters (Natives, Purple Pill Eaters, Perfect Cousins, Protex Blue, Gascookers), bassiste intérimaire dans Fouilla Tribe puis beaucoup plus tard de Boxing Elena.
-Quels sont tes meilleurs souvenirs de la scène stéphanoise en tant que participant « actif » ? Et en tant que « public » ?
Les
débuts chaotiques de Tranzophobia avec une réunion improbable de pas
mal de futurs activistes de la scène. Bien marrant, même si certaines
soirées tournaient à la grosse prise de chou conceptuelle.
Des
répét dans la cave des Rubet au milieu de mobs 103 en pièces détachées ;
parfois des passants débarquaient comme ça, juste pour voir qui était
responsable de ce bruit… we come from garageland, on leur disait…
Avoir
joué avec Slim dans un groupe (F.J.), très bon délire aussi. La gueule
du patron de « L’Himalayan », le soir où on a joué avec SixPack et Bend
Sinister et où 250 pélos se sont pointer dans son petit bar.
De bons moments avec les P.C. (un mémorable et viril après-gig à Ugine par exemple).
La tension d’avant concert, la décompression qui suit.
En
tant que spectateur, une chouette période (92 à 96) aussi bien sur
scène que dans le public, beaucoup de spontanéité et de franche
rigolade.
Voir le guitariste de SixPack blanc comme un linge avant
de monter sur scène, ça faisait partie aussi des rituels cools ; ce qui
ne les empêchait pas de sortir des sets furieux ; je me souviens de
leur version de « He’s waiting » des Sonics, enchainé à « Bound to fail »
à l’Entre-Pots : mortel.
-Les pires ?
Bah…
je me souviens que des meilleurs. Mais s’il faut les évoquer : les
copains qui partent trop tôt, des bastons à la con où des potes se font
amocher. Le braquage des locaux de Sauf Imprévu. La fin des P.C. et de
Protex Blue (à titre perso). Avoir joué avec un batteur sous
tranquillisant…
-Quelles sont pour toi les forces et les faiblesses de la scène locale ?
L’unité,
mec : à un moment donné, pas mal de gens avec des références et des
horizons divers ont mis en commun leurs passions pour faire vivre
quelque chose par ici. Après, est-ce que ça s’inscrit dans la durée ? A
part LFP (et Meantime hehe), je vois pas. Et puis est-ce le but du jeu,
d’ailleurs ? Eternelle complainte du manque de lieux de concerts, les
mêmes têtes qui sont là essentiellement pour vider des glutes, une scène
créative évoluant en microcosme sectaire, replié sur lui-même… bon ce
sont des travers qu’on doit retrouver un peu partout, non ? Le truc,
c’est qu’une fois arrivé à ce stade (il ne reste plus que lui pour
certains), difficile de renouveler les troupes. Une question d’âge
aussi. Passé 30 ans on se dit tous plus ou moins que le punk est mort.
Le hic c’est qu’on a presque tous dépassé la trentaine ; d’autres
priorités prennent le pas, la vie de famille ou d’autres conneries… Je
vois pas des gamins débarquer dans les concerts, ça fait pas envie et
puis on est pas leurs amis dans FaceBook… ah, en fait il y a d’autres
scènes parallèles mais on le sait même pas !
-Tes 5 skeuds stéphanois préférés ?
- The Perfect Pack Split E.P.
- Le 2è album de SixPack « Reading History », bon je l’écoute pas trop, ça me déprime mais woaoh…
- Boxing Elena « Yallah ! »
- Spit « 1ère démo », aurait mérité 100 fois un meilleur enregistrement (c’est en cours, les gars ?)
- Protex Blue « ANP E.P »
J’en ajoute un sixième just for fun : Switch Stance/Bad Taste Split E.P.
-Tes activités actuelles ?
Rien en rapport avec le rock’n’roll. Vélo, boulot, dodo. Parfois j’ai en tête cet air des Rats, « je m’emmerde »…
-Un truc que t’aurais à rajouter ?
Je me ferais bien un bowling avec Jesus (hum… j’ai trop regardé « The Big Lebowski » ces temps-ci).
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